Une localisation inappropriée du projet. Pourquoi ?
Les camions chargés d’alimenter en continu ce méthaniseur en intrants, puis de répartir le digestat dans les différentes zones de stockage, traverseraient nécessairement les villages de Saint-Étienne, Roilaye, Croutoy, Cuise-la-Motte, Chelles, Vivières, Taillefontaine, Retheuil et Pierrefonds, au détriment des collectivités et des riverains. Si, comme annoncé par la SAS BioMéthane du Vandy (ce qui est rarement le cas dans les faits), les périodes de stockage d’intrants pour l’usine de méthanisation se concentrent sur 20 jours par an, les villages nommés ci-dessus subiraient alors le passage d’un camion toutes les demi-heures, jour et nuit. Toutefois, ce flux de camions ne concerne que l’arrivée de certains intrants sur le site. Il faut aussi compter celui qui concerne la distribution du digestat solide (en poids lourds) et liquide (entre autres en camions-citernes) dans les communes de Saint-Etienne Roilaye, Jaulzy et Vivières. Le dossier ICPE indique une moyenne de 6,2 camions ou 7,8 tracteurs par jour, lissée sur l’année.
En plus de la nuisance sonore, ces routes de campagne sont particulièrement dangereuses puisque étroites et empruntées quatre fois par jour par des cars scolaires. À l’heure actuelle, il est impossible pour une voiture de croiser un camion dans le village de Roilaye. Les accidents sont déjà trop nombreux sur ces routes glissantes et détériorées par les aléas climatiques et le passage d’engins agricoles.
Les riverains sont particulièrement inquiets des nuisances olfactives générées par l’usine de méthanisation et le digestat entreposé dans les hangars agricoles ou dans des fosses dans les champs. En effet, si les porteurs de projet arguent que les intrants étant végétaux, le processus de méthanisation ne sera pas odorant, nous doutons fort que les habitants fassent le même constat. Les témoignages de riverains d’installations similaires sont formels. Les intrants seraient non seulement du maïs ou des CIVE (Cultures Intermédiaires à Valeur Énergétique), mais également des pommes de terre, des pulpes de betteraves, etc. Les pulpes de betteraves sont très odorantes, même à l’état brut. Toute décomposition pue, même végétale. Un ensilage mal fait, fût-il de maïs, sent mauvais, car il pourrit. Les maisons les plus proches se situent à 400 mètres du lieu choisi pour l’usine de méthanisation, et le digestat serait stocké à quelques pas des maisons, dans des hangars agricoles.
Ces nuisances olfactives et auditives nous poussent à croire que les biens immobiliers des riverains seraient largement dévalués, nonobstant les explications des porteurs de projet. Notre analyse s’est d’ailleurs vue corroborée par celle d’un agent immobilier reconnu de la région, estimant la perte du prix des maisons à près d’un quart de leur valeur.
À ces nuisances viennent s’ajouter les risques d’explosion et d’incendie. La récente explosion suivie d’un incendie à Ivry-le-Temple dans l’Oise, comme les nombreux incidents en France et en Allemagne, montre que ce risque n’est pas négligeable. La réglementation à laquelle sont soumis les dossiers ICPE indique bien que les risques d’explosion sont à prendre en compte.
Cette usine de méthanisation serait imbriquée entre deux bras de la forêt de Compiègne, classée zone Natura 2000. Un incendie pourrait dès lors très facilement se propager dans la forêt. D’autre part, les porteurs de projet affirment qu’en cas de surpression, une torchère sera allumée pour brûler une partie du gaz. Nous estimons qu’il n’est pas raisonnable d’avoir une source de feu à proximité d’une forêt et des habitations.
Qui plus est, le lieu choisi se situe juste au-dessus d’une source dite “Les Ecolives” et d’un point de stockage d’eau potable, encore entretenu par la SAUR. Les difficultés que nous avons rencontrées pour obtenir des informations sur cette source nous laissent à penser que ce sujet est particulièrement sensible. Or les récents événements en Bretagne où 180000 habitants se sont retrouvés privés d’eau du robinet prouvent que le risque de pollution de l’eau à cause d’ une fuite de digestat est loin d’être nul. D’autre part, la source des Ecolives donne naissance au ru des Ecolives, lui-même affluent du ru de Vandy, qui fait l’objet d’un programme de restauration pluriannuel à hauteur de 943000 €.
Qui plus est, l’épandage de digestat, particulièrement de digestat liquide, au-dessus d’un sol karstique comme l’est celui de l’emplacement retenu, entraîne une pollution rapide et sévère des nappes phréatiques alimentant les sources.
Ce projet, qui se veut écologique, entraînerait la bétonisation d’une zone agricole dans un écrin de nature protégée. Nous estimons que, par ce simple fait, ce projet ne correspond pas aux idéaux du développement durable, qui consiste en la préservation de l’environnement pour les générations futures. Pourquoi ne pas choisir une zone plus adaptée, de type friche industrielle, plus proche du point de raccordement au réseau de gaz (le point le plus proche est à 10 km du lieu choisi) et loin des habitations ?
Enfin, contrairement à la communication des porteurs du projet, qui indique la création de quatre emplois, seul un emploi direct serait réellement créé. Surtout, sa réalisation en détruirait bien plus et empêcherait le développement d’autres projets. Selon les dires mêmes des professionnels du tourisme, une seule mention du méthaniseur sur leur site internet ou sur leurs réseaux sociaux ferait chuter drastiquement les réservations des clients. Aussi, les gîtes, hôtels et restaurants des villages voisins redoutent une fréquentation en berne si l’usine de méthanisation devait s’implanter à Saint-Etienne Roilaye. Nous pensons que l’équation création d’emplois – destruction d’emplois serait à la défaveur du dynamisme économique de notre région.